US - 2006 (Silent Hill) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Voici une adaptation qui ne manquerait pas d’interpeller le mordu de jeu-vidéo et d’horror mouvi. En effet, 1999 sortait un jeu à l’allure cinématographique nommé Silent Hill. Pour la première fois, on avait l’impression assister à un scénario et l’ambiance d’un film. Beaucoup y ont laissé des heures de visionnage et d’intrusion dans l’horreur sordide de cette petite bourgade. Quelle bonne idée que ce jeu s’inspirant du cinéma. Et c’est là, que Christophe Gans intervient : -« Hey les gars puisque le jeu est fait comme un film, on a qu’a en faire un film ! » (Merci Christophe) L’idée d’un film adapté du jeu vidéo me séduisait, par contre le fait que Christophe Gans l’ai eue était déjà le bémol dans l’affaire. (J’ai subitement eu un flashback ou un homme avait un bras caché mutant et une épée en os à faire pâlir Skeletor de jalousie.) Mais chassons le mauvais esprit et restons positifs que diable ! Silent Hill, le film, reprends à quelques exceptions prêt le même univers et scénario que le jeu. Une mère (dans le jeu, il s’agit du père) et sa fille se rendent à Silent Hill, ville abandonnée d’un coin paumé dans des montagnes des Etats-Unis. Sa fillette étant prise depuis quelques temps de crise de somnambulisme où elle fait mention de cet endroit. Seulement cette ancienne ville minière est apparemment une ville fantôme où de tristes événements ont eu lieu. Les dires se confirment lorsqu’à quelques miles de la ville, la voiture fait un tète à queue et percute le rebord de la route. La mère s’évanouit. A son réveil, elle trouve le siège de sa fille vide et la portière ouverte. Commence alors sa quête pour retrouver sa fille… On suit alors le parcours torturé de la mère dans la ville de Silent Hill, découvrant au fur et à mesure les indices qui permettront de retrouver la trace de sa fille et par la même occasion l’origine du mal qui hante l’endroit jusqu’au moindre gravier. Pour ceux qui espèrent que Silent Hill les entraîne dans l’antre des ténèbres, attendez-vous à rester sur le pas dans la salle d’attente en effeuillant un joli catalogue d’image. Gans a bel et bien acquis le visuel du jeu mais en oubliant l’aspect de faire vivre l’histoire. Outre une énorme production visuelle, il aurait été de bon augure que cette bouillie nous prenne aux tripes pour nous glacer d’effroi.Mais cela se confirme, il semblerait que Gans ne soit pas un sensible de l’émotion mais plutôt un amoureux de la technique de l’image. Certes, au petit jeu de la surenchère visuelle inutile frisant le ridicule, il n’arrive pas à la cheville de la production russe Night Watch mais il ne se sort pas plus de l’ornière purement formelle dans laquelle il s’est vautré de tout son long. Alors le résultat est que l’on ne retient rien de Silent Hill. On le regarde puis on se dit : « ouais, c’est bien fait » et on rentre chez soi sans vraiment se poser de question. Les créatures qui défilent n’ont pas d’impact autre que visuel. Elles apparaissent tour à tour comme à un défilé de mode branché puis repartent derrière le rideau. Même le boucher géant à la tète de toblerone est juste anecdotique…Il est passé par ici, il repassera par là. Au beau milieu de ces enfers se débattent quelques acteurs pour tenter de ne pas paraître trop décoratifs parmi les mouvements de caméras tordus, maquillages malsains et synthèse dégoulinante. On peut citer les prestations de Rhada Mitchell (Phone Game, Neverland…) pour la maman paumée, Sean bean (le Boromir du SdA) pour le personnage inutile du père, Deborah Unger pour la femme illuminée (Crash…), Laurie Holden (beaucoup de série TV) pour la femme-flic dont on aurait également pu se passer et Jodelle Ferland (séries TV aussi) dans le double rôle de la fillette et son alter ego. On aurait pu apprécier les acteurs si la mise en scène avait été plus orientée « acting » que « décorating ». Car là on a plus l’impression que ce sont les acteurs et à fortiori leur personnage qui viennent servir un arsenal d’effets et de visuels plutôt que l’inverse, c’est-à-dire des personnages renforcés par les interactions avec ce qui les entoure. Au final, Silent Hill, n’est pas un mauvais moment mais pas un bon non plus. Il ravira les fanatiques de plans gratuits, scènes inutiles, mouvements complexes de caméra et décortication de lambeaux de chair mais fera fuir les amateurs d’histoire bien ficelée qui vous entraîne avec elle pour faire de vous ce qu’elle a décidé. Ce qui aurait pu valoir le coup dans ce thème-ci. Mr Gans n’aura peut-être pas assez travaillé son story-board, réfléchis à l’intonation des acteurs mais ce sera contenté de se faire plaisir avec des steadycam, grues et autres engins rocambolesques du cinéma pour ensuite peaufiner ses images en post-production, Ce qui donne effectivement un visuel très accrocheur. Mais il ne fait pas naître son fil auquel le spectateur aurait pu se raccrocher pour être plus dans le film que dehors. On peut alors se rendre compte que la version cinéma de Silent Hill est beaucoup moins mature et viscérale que son grand frère sorti en jeu vidéo. Fort heureusement pour Gans, le box-office lui donnera peut-être raison et lui offrira une seconde chance pour parfaire son cinéma d’horreur. Le final de celui-ci laissant déjà une porte grande ouverte, non pas à toutes les fenêtres, mais à la possibilité toute tracée d’une suite… Peut-être aura-t’il la juste modestie de se donner la part belle au visuel et laisser les vieux démons de la mise en scène hanter quelqu’un d’autre.
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Le pour : Un visuel propre sur un bon rythme qui sauve les
meubles. Le contre : Trop de plans de caméras inutilement tordus. |