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Articles RÉCents

14 mars 2006 2 14 /03 /mars /2006 21:07

Un lion, une girafe et des pingouins, s'échappent d'un zoo new-yorkais pour se lancer à la recherche d'un proche... ça vous rappelle quelque chose ? Pourtant ce n'est pas ce qui dérange les productions Disney proposant au jeune public une redite de Madagascar nommé The wild... Un titre à l'image de la guerre des pixels que se livre Dreamworks et son aîné aux oreilles de Mickey.

La rancune date de l'époque où Katzenberg quittait les studios de l'oncle Walt pour rejoindre le duo Spielberg-Griffin et former à eux trois le noyau dur des productions Dreamworks. En ces temps troubles où la 3D s'immisçait de plus en plus dans les longs métrages animés, les projets de proposer un film entièrement réalisé sur ordimini étaient légion. Disney signait un contrat de commande à Pixar pour une petite série de chef d'oeuvre (même si personne n'imaginait le succès à venir) et les scénaristes planchaient pour trouver des sujets adaptés aux limites technologiques du support (jadis les rendus de poils et de chair humaine étaient des défis quasi impossible à relever). Pixar proposa une histoire de jouets et l'on mit en place en parallèle une intrigue au royaume des fourmis. C'est précisément le "on" qui demeure flou. Alors que Disney affirmait que ce qui fut à l'origine de 1001 pattes était issu d'une discussion en interne entre Pixar et la direction, Katzenberg qui venait de mettre la clé sous la porte s'en attribuait l'idée originale et lança Fourmiz chez Dreamworks. D'un univers de départ commun mais d'une intrigue différente, les deux films sortirent la même année (Fourmiz en prem's), chacun avec ses qualités respectives avec néanmoins un succès populaire plus grand pour l'oeuvre de Pixar, plus bonbon, plus ciblé chérubins et leurs parents.

Depuis Disney s'est appuyé sur le génie du prestataire Pixar pour ses productions 3D majeures (Toy Story 1&2, 1001 pattes, Monstres & Co, Nemo, Les indestructibles), tentant aussi l'aventure via d'autres studios de réalisation à l'origine des moins convaincants Dinosaures et Chicken little, et délaissant peu à peu ses structures classiques de dessins animés (La ferme se rebelle, Frère des ours...). De son coté Dreamworks moins productif en quantité s'est orienté vers des réalisations 3D plus chaotiques, cherchant à se démarquer du ton fleur bleue de ses pairs, notamment avec les potaches aventures de Shrek, visant un coeur de cible plus adulte depuis Fourmiz et ses gags de psychanalistes.

Puis la team Katzenberg relança la polémique du copier-coller en sortant Gang de requins, une année après le Nemo de Pixar-Disney, n'hésitant pas à aligner certains personnages-animaux identiques ou presque d'une oeuvre à l'autre. Faut croire que Disney s'en est souvenu pour oser le même procédé, dans l'autre sens cette fois, inspirant la même impression aux spectateurs dépités se contentant de hausser les épaules. On pourrait croire que dans cette histoire seul l'orgueil et la réputation des plagieurs en prennent un coup. Mais dans le dollar tout est bon, et l'on se doute que le film s'accompagnera d'excuses bidons du genre : "ce n'est pas pareil... c'est l'histoire d'un père qui va chercher son fils, et puis dans Madagascar il n'y avait pas de Koala (non juste des lémuriens) ni d'alligator d'égout". A ce petit jeu des 7 erreurs, la plus grosse, celle qu'on en face des yeux et que l'on ne voit jamais, est bien celle de la copie, sans vergogne mais avec hypocrisie s'il vous plait.


La bande annonce de The wild

Enzo

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2 mars 2006 4 02 /03 /mars /2006 21:56
Grande Bretagne - 2004 (Touching the void)
Affiche
Genre : I'm a Survivor
Réalisateur : Kevin Mac Donald
Scénario :
Joe Simpson
Directeur de la photo : Mike Eley
Casting : Brendan Mackey, Michael Aaron.
Musique : Alex Heffes


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Au Perou en 1985, deux anglais fanatiques d'alpinisme se lancent dans l'expédition de gravir la montagne du Siula Grande des Andes péruviennes. Les gaillards, grimpeurs chevronnés à qui on ne la fait pas, avaient déjà escaladé des montagnes toutes crues sans sel ni poivre et ce mont était au menu tout en sachant que ce dernier n'avait été gravi par la face nord qu'une seule fois en 1936 par deux allemands. Ils décidèrent donc de ne pas suivre la voie déjà ouverte et prirent l'option face ouest. Et vu de ce côté, le Siula Grande n'est plus le même caillou, mais un mur vertical de glacier, de roche et de neige montant jusqu'à 6344 mètres d'altitude, le défi pour celles et ceux qui en veulent…

L'ascension de Joe Simpson et Simon Yates deviendra par la suite une légende dans le milieu de l'alpinisme et ce film-documentaire la retrace en une reconstitution plus que captivante. On a peu l'habitude de voir ce genre de récit porté à l'écran avec une volonté de réalisme. On a bien sur vu Stallone faire de l'action-hero sur les rochers dans Cliffhanger, ou un certain Vertical Limit traîner dans les parages, mais La Mort Suspendue est certainement plus intéressant car très naturel et place le spectateur directement dans la situation des alpinistes. Et leur histoire dépasse l'entendement humain...

Revenons alors à ce défi de celles et ceux qui en veulent. L'histoire est narrée par deux hommes face caméra pour accentuer la reconstitution. Comme on le devine, cette aventure n'est pas ce qu'on pourrait appeler une balade de santé, prenez pour preuve le plan d'ouverture du film montrant le Siula Grande s'élevant au dessus des autres monts alentours. Se lancer dans son ascension relève de l'impossible pour le commun des mortels. Fort heureusement, tous les mortels ne sont pas communs et penser que Simpson et Yates aurait du mal à arriver en haut serait douter de leur compétences. Et en matière d'alpinisme, il semblerait que douter de ses aptitudes ne soit point permis, surtout lorsqu'on est accroché à un piton planté dans la glace en haut d'un mur vertical de 1500 M de haut (c'est à 1480 M qu'il faut avoir "confiance dans la confiance" dixit JCVD). Ce n'est qu'une partie de l'ascension vertigineuse. Mais elle est bel et bien effectuée entièrement par le duo et l'on peut contempler la beauté du paysage du sommet des 6344 M d'altitude depuis son fauteuil de cinéma sans les engelures aux doigts et les lèvres brûlées par le soleil.

En effet, la vue est splendide.

Mais une fois cette joie consommée et le temps de se rendre compte qu'il n'y a rien à faire là-haut, nos montagnards doivent se rendre à l'évidence qu'il va falloir redescendre... Et c'est là que les choses se compliquent. Si monter fût une grande prouesse, refaire la même chose en sens inverse ne risque de ne pas être non plus une partie de plaisir.

Et là, les images parlent d'elles mêmes. Le spectateur comprend alors que les alpinistes se sont mis en assez mauvaise posture et peut-être même piégés. La progression en descente est difficile et sans doute pire que la montée car psychologiquement le plus dur est fait. Mais quand les éléments s'en mêlent... Le mauvais temps se lève, gênant de plus en plus la descente. Puis le réchaud à gaz tombe en panne ce qui implique de ne plus pouvoir se faire de boisson chaude et à 6000 M, il est bon de souligner que cela peut-être important. Il faut alors accélérer la descente ou le risque de souffrir du froid augmente. A cette altitude, les doigts, les mains ou la vie peuvent se perdre sans qu'on s'en rende compte. Malgré l'anxiété il faut rester calme et éviter de paniquer. Soudain, Joe Simpson glisse, fait une chute et se casse la jambe... (silence total, seul le froid du vent pique le visage)
- Que faire alors lorsque l'on est en altitude dans des conditions extrêmes avec son équipier au genou brisé en deux ?
- Que faire si ce même équipier ne peut plus se tenir debout pour se déplacer dans 1 mètre de poudreuse ?
- Que faire si l'on se refroidit dangereusement au risque de mourir car la descente se ralentit considérablement ?
- Que faire lorsqu'on est convaincu que son ami n'a aucune chance de s'en sortir vivant et que si on l'aide, on risque d'être dans le même cas ?
- Que faire si l'on doit couper la corde ?

J'ai été captivé par ce film, cette reconstitution de haute montagne. L'immersion dans le décor naturel est totale et on a presque froid avec les acteurs tant les difficultés ont été retranscrites. Les images sont brutes, pures et sans artifice de récit ou de style pour ponctuer les passages forts. Ici, on remarque que la montagne ne laisse pas de place au faible, au désespoir si ce n'est que pour sombrer dans la folie en cas de pépin. Le film parle d'une amitié, de survie, de sacrifice et de choix ultime que doivent affronter des hommes en de rares occasions… Loin des énormes productions catastrophe surproduites des derniers temps à coup d'effets spéciaux impressionnants, La Mort suspendue donne la version à huis-clos d'une aventure désastreuse, qui dénuée de tout superflu, fonctionne à merveille ; et sans pour autant avoir un casting avec des bêtes de courses. On pourrait rapprocher et tirer des similitudes narratifs avec le film Les Survivants se déroulant dans la même chaîne de montagne (décidément les Andes ont la côte pour les catastrophes) mais il n'en est rien, La Mort Supendue est beaucoup plus intimiste est c'est son atout. Les acteurs, bien qu'ils soient totalement inconnus, sont aussi sobres qu'efficaces et la réalisation est assez rythmée pour captiver le promeneur hagard. On plonge complètement dans l'histoire par -20 degrés. Encore plus lorsqu'on remarque que les narrateurs n'ont pas le même visage que les acteurs du film.

Pourtant que la montagne est belle...

[A signaler également que Kevin Mac Donald est le réalisateur du très primé documentaire On day in september datant de 1999 et qui refait surface sur les toiles dernièrement grâce à Munich de Steven S. puisqu'ils traitent du même sujet.]

 


Yerom

 

Le pour : Never surrender.
Le contre :
'Fait pas chaud en altitude.
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1 mars 2006 3 01 /03 /mars /2006 12:28

Un an déjà ! L'over-blog de Cinématic est fier de souffler sa première bougie, disposée comme il se doit, sur un gros gâteau de cinéma.

Un an de petits papiers virtuels sur le 7ème art, sur ses vedettes devant et derrière la caméra, toutes nationalités confondues. Un an pour un total de 60 films (plus d'un film par semaine) fichés par notre trio, ainsi que 18 news plus ou moins indiscrètes sur les oeuvres cinématographiques à venir. Un an pour 62 000 visiteurs unique avec une moyenne de 170 internautes curieux par jour ! On a encore du mal à y croire et franchement, ça fait chaud au cœur…

On ne va tout de même pas en profiter pour se gonfler le melon, loin de là. On en reste à notre humble niveau d'amateurs de spectacle sur grand écran et seul le désir d'afficher nos émotions, nos ressentis, nos déceptions et nos allégresses, nous motive. On n'oublie évidement jamais que la critique est aisée surtout quand l'art est périlleux, et que souvent derrière 2h de pellicules se cachent des années cumulées de travail d'équipe, à l'affût de notre émoi, sensible à nos souhaits. Pour autant on considère aussi que chacun à son mot à dire, surtout les spectateurs à la fois clients et passionnés, parfois contraints à rester bloqué dans une salle de ciné devant un affligeant ramassis visuel, alors que le marketing autour du dit film vantait mille et une merveilles. Le cinéma actuel est ainsi fait, chaque œuvre s'accompagnant désormais de ses effets extérieurs d'apparat parfois grossiers, souvent trompeurs. Les bandes annonces dévoilent 80% des scènes principales de film, les premiers rôles envahissent les plateaux télé et racontent "l'expérience merveilleuse d'un tournage fantastique", la presse prend le relais, et la pub se répand allégrement à tel point qu'il est difficile de ne pas se faire un avis avant d'avoir vu un film. Désormais afin de nous prévenir de toute sorte de propagande il nous ne reste plus qu'à adopter la méthode de l'autruche, se boucher les oreilles, les yeux, et hurler à notre interlocuteur direct qu'on ne veut rien savoir.

Sur ce terrain les blogs constituent une alternative intéressante en tant que support média. Les internautes se renseignent d'eux mêmes, font le tri, tissent leur réseau, se calant sur la personnalité du critique et de ses références, plutôt que de subir l'information d'un tiers impalpable voire impersonnel. C'est toujours dans cette optique que l'on préfère sur Cinematic étaler notre avis "brut de décoffrage", quitte à en fâcher certains puisqu'il s'agit avant tout d'avis personnels. Les commentaires sur chaque fiches permettent ensuite de rebondir sur cet avis, de le contredire, de le lapider tiens, ou d'affirmer l'opinion, tout simplement.

On retiendra donc de cette première année entre autres que Yerom s'est révolté contre Charlie et sa chocolaterie capitaliste, qu'Aswip s'est presque étranglé de jurons devant La passion du Christ, et qu'Enzo n'aime pas la jeunesse désenchantée des Lois de l'attraction… Mais aussi que Yerom retrouva son Tim Burton, celui qui lui fait briller des jolies ellipses dans les yeux façon manga, avec les Noces funèbres, qu'Aswip est devenu un fan inconditionnels des galipettes faciales, corporelles, et scénaristiques de Stephen Chow, et qu'Enzo n'en démord pas du cinéma kitch de Hong-kong de la période d'or des années 60-90.

Et puis il y a aussi les non-dits, les "j'ai pas pu", ou "j'ai pas su" écrire quelque chose sur ce film, parce qu'ils nous évoquaient soit rien, soit trop. Pour le plaisir on ne citera que quelques-uns d'entre eux : Le seigneur des anneaux, Match point, H2G2, De battre mon coeur s'est arrété, History of violence, Munich, Good night and good luck, Brokeback mountain, Harry Potter, Pompoko, les chroniques de Narnia… Qu'à cela ne tienne, pour la plupart d'entre eux la relecture permet d'affiner et d'affirmer la critique, et leurs fiches peuvent apparaître à tout moment sur Cinematic.

Enzo

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16 janvier 2006 1 16 /01 /janvier /2006 01:00

Hong Kong - 1967 (Dubei dao/ one armed swordsman)


Genre : Kung Fu manchot
Réalisateur : Chang Cheh
Scénario : Chang Cheh, Ni Kuang
Directeur de la photo : San Yuan Chen
Casting : Jimmy Wang Yu, Chiao Chiao, Huang Chung-Sun , Pan Yin-Tze...
Musique : Wang Fu-ling

Scénario
*****
Mise en scène
*****
Photographie
*****
Acteurs
*****
Effets spéciaux
*****

Au sein du temple de la Shaw Brothers, Chang Cheh fait office de pillier central. Auteur d'un cinéma d'art martiaux plus violent, voire brutal, mais aussi plus esthétique que l'oeuvre de ses pairs, Cheh marquera son époque et les générations suivantes d'auteurs réalisateurs. Entres autres John Woo qui fût à ses débuts son assistant-réalisateur se déclarera n'être qu'un des héritiers du maître, exploitant son art mais troquant les sabres par les armes à feu. Un seul bras les tua tous fût le film à l'origine de la trilogie du Sabreur Manchot, mais aussi celui qui permit à Chang Cheh d'exalter son art, disons-le, résolument viril. Participant au renouveau du wu xia pian aux cotés d'autres auteurs tel King Hu (L'hirondelle d'or), la trilogie de Cheh s'axe autour de l'honneur d'un homme qui même amputé se doit d'aller au bout de sa destinée, à coup de sabre si possible et d'entailles aussi profondes que ses convictions.

Dans ce premier opus, le destin de Fang Gang s'écrit d'entrée dans la douleur. Son père, au service du valeureux Qi Ru-feng, meurt violemment lors d'une attaque sournoise des ennemis de son maître. Respectueux du sacrifice de son serviteur le maître accueille Fang Gang comme son disciple, lui enseigne les arts sacrés des techniques de sabre et l'élève comme son propre fils. Talentueux donc jalousé, Fang Gang subit les caprices de ses camarades notamment ceux de Qi Pei la propre fille de Ru-feng, avant de se décider à quitter en douce la prestigieuse école, et de mettre un terme aux mesquineries quotidiennes. Pourtant lors d'une ultime provocation et au terme d'un affrontement en faveur du jeune prodige, Qi Pei lui tranche le bras par traîtrise...

Peu enclin à l'élégance du geste galant Chang Cheh place ses rôles féminins à l'origine de ses ressorts dramatiques. Qi Pei est l'archétype de la garce fille à papa, capricieuse qui se croit amoureuse, d'une bêtise apparente et dont l'acte le plus marquant devient le plus condamnable. En tranchant le membre du héros en devenir elle ampute l'avenir de l'un de ses plus beaux fleurons, et illustre clairement l'opinion du réalisateur réputé pour sa misogynie. La femme façon Cheh est un frein pour l'homme promis à un grand destin, allant jusqu'à le briser par son égoïsme. L'innocente Xiao-man ne dérogera pas à la règle en incarnant certes une fermière courageuse mais aussi une éventuelle mère de famille soucieuse de se trouver un homme, quitte à le faire renoncer à ses premières ambitions. Bien sûr le talent de l'auteur permettra de brouiller les cartes le temps d'un film, concédant à ses personnages du sexe faible l'excuse de l'amour responsable de leurs attitudes, mais le message de fond est plus clair que l'eau de la rivière. L'homme est un serviteur loyal à son maître, assidu dans son éducation et plaçant l'honneur au dessus de tout. La femme reste hermétique aux notions nobles de sacrifice et s'entête sur des détails de peu de profondeur. Le mâle est fait.

L'autre idée du film, plus évidente encore, consiste en sa notion de dépassement de soi malgré l'amputation. Fortement ancrées en ce siècle ponctué de diverses dominations japonaises, mais aussi encouragées par des mouvements politiques populaires les plus opposés, les notions de sacrifices et d'efforts surhumains par delà la privation, la frustration et la douleur, constituent des valeurs assez répandues dans l'histoire de la Chine. Largement usitée dans les oeuvres dramatiques tous supports confondus, le cinéma de Hong-Kong permettra de donner vie à cette valeur en l'attribuant à de nombreux héros, figures patriotiques ou symboles historiques, personnages de proue d'une nation en perpétuelle quête d'exemples. Le personnage de Fang Gang s'insère dans cette lignée collectionnant les accidents de parcours : disparition du père, interruption de son initiation, perte de son bras droit entraînant indéniablement la fin de ses motivations martiales. Et pourtant son issue viendra justement de l'acceptation de cet handicap et de sa capacité à le transformer en arme redoutable, via des moyens tout aussi amputés, à savoir un livre de kung-fu calciné dont il ne reste qu'un chapitre et le sabre brisé de son père défunt.

En écho à son intrigue dramatique Chang Cheh impose une esthétique que l'on croirait issue d'estampes. Les premiers décors semblent s'articuler autour des acteurs, dépassant de fait leur simple attribution de support décoratif et participant pleinement à la narration. Tout l'art de l'illustration... C'est particulièrement frappant lors de la scène d'affrontement entre les disciples qui se déroule sous une neige d'hiver aussi soudaine qu'évocatrice de l'issue fatale. Contrainte de studio oblige, Cheh utilise par ailleurs tous les subterfuges possible et imaginables pour dynamiser sa réalisation : ainsi ses combats sont filmés caméra à l'épaule plus ou moins près des acteurs pour plus d'implications et leurs mise en forme sur la table de montage passe par un découpage particulièrement sec pour l'époque. Le rythme de certaines scènes s'en trouve enrichi et amène un plus considérable aux chorégraphies d'escrime. En métronome de ces affrontements on trouve l'étonnante arme, pourtant de peu d'apparence, du vilain de l'histoire : une étrange lame à double garde dont la pointe est équipée d'une pince amovible, faite pour bloquer les techniques de l'école du sabre d'or. Outre son efficacité redoutable, son cliquetis ponctue l'attaque de l'ennemi et rythme à l'image les scènes de combat. Chang Cheh se sert physiquement de la particularité mécanique de son arme pour la répercuter sur le découpage de ses scènes transcendant l'accessoire en outil de mise en scène. Simple mais bluffant.

Comme d'hab le film et ses moyens sont à situer dans un contexte d'époque pauvre en effets spéciaux, mais riche d'intentions. En 1967 la vue d'entailles ensanglantées étaient considérées comme difficilement soutenable par un public peu coutumier du fait, alors qu'aujourd'hui on se gausserait presque tant leur teinte vive révèle de l'artifice. Le constat est aussi valable pour certaines phases de combats qui peuvent paraître plus chorégraphiée qu'instinctives, les décors de studio parfois très étriqués, et le jeu ... hmmm un peu maigre selon les talents de leurs interprètes... On est forcément loin des effets tape à l'oeil et des standards du cinéma d'action actuel, ce qui sous-entend que les excités en manque d'adrénaline risquent de trouver le temps long et les coups de sabre plutôt mou du manche. Ca peut paraître paradoxal, mais avec le temps ce n'est plus le public visé. Aficionados de Danny the dog passez votre chemin.


Enzo

Le pour :  Classique du genre
Le contre :
Pour public averti

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7 janvier 2006 6 07 /01 /janvier /2006 01:52

Hé bien c'est formidable ! Dans la série "j'adapte n'importe quoi pourvu que ça rapporte", voici la version cinéma de DOA : Dead or Alive, le jeu de baston de soustifs. Yeeeah, c'est la fête aux nougats ! Ola assurée dans les salles d'arcade.

Outre son concept ultra raccoleur désormais célèbre sur console, la version cinéma aura certainement l'occasion de nous faire découvrir une pleïade de poules... euh d'actrices (hum) 'achement balèzes en dramaturgie (pour sûr), dirigées de main d'expert par Corey Yuen. A peine connu ici (il a co-réalisé Le transporteur made in Besson) Yuen est bien plus célèbre dans son Hong Kong natal où il a réalisé pas loin d'une trentaine de films. Pour autant on peut affirmer sans retenue que sa filmo n'est pas des plus glorieuse, inutile donc de s'attendre à une oeuvre majeure du septième art.

Qu'importe puisque notre plaisir qu'on aurait tort de bouder, se situera ailleurs, et pas forcément là où vous l'imaginez bande de petits fripons.
A Cinematic on salive d'avance sur la qualité des scènes de dialogue (si, si) et de combats assurés par des expertes en arts martiaux. On sent que ça va être bon à la condition que la caméra de Yuen ne s'attarde pas uniquement sur les réels talents de Devon Aoki (mortelle petite Miho dans Sin City). Militons donc de suite pour avoir aussi à l'écran des coups de savate de nos copines les blondes platines, et des prises de catch à s'en péter la french manucure.

Sortie prévue pour l'été 2006.

La bande annonce

Enzo

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5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 17:13

Voila, maintenant que les adaptation sont lancées, on ne s'arrête plus. Après les comics et autres héros en collants moule-moule, le jeu vidéo a droit aussi de voir ses titres portés sur le grand écran. Il y eu souvenez vous, Tomb Raider et Angélina jolie (hum), Resident Evil et Milla Jovovitch (double hum), Doom (oh oh oh), voici qu'arrive Silent Hill. Le jeu vidéo le plus joyeux de la terre est adapté à l'écran par Christophe Gans (Le Pacte des Loups, Crying Freeman). Etant lui-même un fan du jeu vidéo et embrayant sur la vague des films d'angoisse, Mr Gans a bien digéré le jeu pour en faire ce film, qui à en voir le premier teaser, risquerait d'être presque bien si Gans ne pète pas un boulon à la fin comme il a pu faire dans son précédent mouvi.

Le teaser plante le décor et l'ambiance respectant bien l'univers du jeu. J'ai aimé jouer à Silent hill, qu'en sera t'il du film ?
Réponse en avril sur les toiles...


Le teaser

Yerom

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5 janvier 2006 4 05 /01 /janvier /2006 00:58

C'est d'actualité, on en parlait justement de vifs mots sur nos derniers commentaires : qu'est-ce qu'un bon remake, et surtout à quoi ça sert ? La réponse la plus courante est souvent la plus basique et s'argumente forcément autour d'intérêts purement financiers. La plupart des projets de refonte cinématographique sont régulièrement issus d'idée de producteurs, qui fonctionnent à 90 % (pour les plus généreux) au retour sur investissement. Techniquement parlant un remake parait plus simple à mettre en place : le film existant servant de modèle, on sait forcément ce qui a fonctionné, ce qui a déplu, ce qu'il y a en trop et ce qu'il manque. La tendance actuelle grisée par les progrès considérables des effets spéciaux veut que les modèles d'origine soient remis à l'écran essentiellement pour des raisons d'imageries plus spectaculaires, mais gare au retour de bâton : un public qui connaît la première version d'un film n'est pas un public acquis, et place souvent son attrait au delà de l'image. Gare donc à ne pas négliger l'essentiel, à ne jamais saboter une histoire et un jeu d'acteur par une profusion de moyens plus tape à l'oeil qu'efficace.

Que va donc amener de neuf le Poseidon de Wolfgang Petersen, remake de L'aventures du Poseidon de Ronald Neame ? A priori pas grand chose... Une plus jolie vague en 3D en lieu et place de celle tournée en miniature en 1972 ? Sûrement. Des décors à l'envers plus aboutit ? Peut-être. Une intrigue plus tendue et mieux menée ? Pas sûr. Les rescapés de la version Neame étaient dirigés par Gene Hackman, pour la cuvée 2006 il faudra se contenter d'un Kurt Russel en sous-régime depuis ses glorieuses années 80. Ca ne veut rien dire évidemment, on a bien vu Travolta faire un come back impressionnant. Mais Petersen n'est pas Tarantino oula non, ni même Cameron dont le Titanic risque de peser lourd lors de l'inévitable comparaison... Le challenger Petersen semble plus d'alleurs avoir été choisi pour sa mise en image d'En pleine tempête et son succès "bankable" de Troie, que pour ses talents de narrateur (j'entend Aswip qui se gausse). A lui pourtant de se sortir de ce traquenard manigancé par des mains pécuniaires et à l'exercice d'essayer d'égaler... Peter Jackson ? Gnieeek, gnieeek. Ca va être dur.


La bande annonce

Enzo

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3 janvier 2006 2 03 /01 /janvier /2006 21:56

Faut croire que Nicolas Cage l'a eu mauvaise de s'être retrouvé évincé du projet Superman cuvée 2000, pour se lancer tête baissée dans l'adaptation grand écran du Ghost Rider de chez Marvel. A moins que ses proches narquois ai volontairement oublié de l'informer qu'au commande de cette énième mise en forme cinématographique d'un comic célèbre se trouve un certain Mark Steven Johnson, à l'origine entre autres de l'inégalable Daredevil... Sic !

Même s'il ne faut jamais filer le collant du super-héros avant de l'avoir essayer, le choix du réal suffit à faire grimacer d'effroi les plus fans des aventures tout feu tout flammes de l'avatar démoniaque de Johnny Blaze. On se met même à espérer, quitte à se bouffer du navet, qu'on va en avoir pour notre grade avec, s'il vous plait des effets spéciaux craignos, du cuir clouté à l'extrême, ho oui, ho oui, des Harleys déchainées, roooar, et du tuning inspiré.

Mais mieux vaut
, ni se voiler la farce (parce qu'on risque fort de ne pas rigoler sur ce coup là), ni se leurrer : on se dirige tout droit vers du mauvais trip. Si, si, puisqu'on vous le dit. Sortie prévue en 2007.

Le site officiel

Enzo

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26 décembre 2005 1 26 /12 /décembre /2005 09:20

Nouvelle Zelande - USA - 2005 (King Kong)


Genre : King size
Réalisateur : Peter Jackson
Scénario : Peter Jackson, Fran Walsh, Philippa Boyens
Directeur de la photo : Andrew Lesnie
Casting : Naomi Watts, Jack Black, Adrien Brody, Andy Serkis, Thomas Kretschmann
Musique : James Newton Howard

Scénario
*****
Mise en scène
*****
Photographie
*****
Acteurs
*****
Effets spéciaux
*****

Le Dos Argenté est un gorille connu pour avoir le crane épais, un instinct territorial hyper développé et pour être l'animal social par excellence. Ce qui fait la singularité de Kong, hors le fait qu'il mesure 8 mètres de haut
et qu'il occupe son domaine avec d'autres rois, tyrannosaurus ceux là, c'est qu'il est éperdument seul. Seul de son espèce, tous ses congénères semblent avoir trépassé, seul dans son genre, puisque ses congénères semblent avoir trépassé, et seul dans la vie puisque lorsque les indigènes du voisinage lui procurent de la compagnie, il ne trouve rien de mieux à faire qu'à désosser les offrandes. A croire que la femelle indigène à un petit goût de fumet pas désagréable qui améliore sensiblement un ordinaire essentiellement végétarien.
Notre brave Kong est donc de la trempe du vieux garçon solitaire qui n'apprécie que moyennement qu'on vienne lui chier dans son nid. D'un naturel bougon et peu enclin à la conciliation. Un vrai roi en somme.
Malheureusement pour lui, son gros cœur hors normes était destiné à rencontrer une jeune et jolie blonde braillarde et espiègle qui allait finir par le lui briser. Mettant ainsi et malgré elle un terme à la lignée des très, très, très grands singes.


Puisque nous connaissons tous les tenants et les aboutissants de cette tragédie simiesque pour en avoir vu au moins une adaptation, intéressons-nous donc à la forme de celle-ci, d'adaptation.
Rarement l'Amérique en récession des années 30 aura été rendu avec autant de réalisme en si peu de plans. A part dans Les Raisins De La Colère de John Ford. Rarement le Manhattan de l'époque aura semblé si étrangement réel. A part peut-être dans le New York, New York de Scorsese mais l'action se passe dix ans plus tard. Rarement île vierge aura semblée si vierge et hostile-la-nature que cette Skull Island. A part peut-être dans quelques peintures de Frank Frazetta. Rarement autochtones insulaires auront paru si sauvages et avides de sang. A part Peut-être dans The House Of the Dead de Uwe Boll.
- "Ne s'agissait-il pas en fait de zombies et d'une comparaison douteuse emprunte de taquinerie?"
Tu me connais si bien... cela en deviendrait presque effrayant.
Jamais, ô grand jamais, primate virtuel aura semblé si hurlant de vérité.
- "Sûrement pas dans Congo, là, on est entièrement d'accord."
Ce King Kong 2005 ressemble donc fort à ce que Peter Jackson prétendait vouloir réaliser. Un film hyper spectaculaire. Fidèle en cela aux sentiments qui l'ont traversés lorsque enfant, il a vu pour la première fois le King Kong de 1933 dans un cinéma de Wellington avec son papa.
En bon démiurge, Jackson a donc mis l'accent sur le visuel, élevant les effets spéciaux dans des sphères jusqu'ici fantasmées. L'antropomorphie virtuelle passe un cap et l'hyperréalisme devient sévèrement envisageable. Qu'il est loin le temps de la première édition d'Imagina (1981).


Fatalement, cette priorité mise sur le tout à l'effet se fait au détriment d'autres aspects de la mise en scène. Comme quelques scènes d'action peu lisibles de part une volonté de mouvement trop appuyée. Il y a aussi James Newton Howard à la BO, remplaçant au pied levé de Howard Shore (qui signa la musique de la trilogie du Seigneur Des Anneaux, rien de moins) et qui nous livre des compositions sommes toutes peu inspirées car trop engoncées dans le registre de l'illustration sonore. Mais il y a surtout et notamment le scripte.
Avec force et gros plans, Peter Jackson tentera plus d'une heure durant d'humaniser ses personnages jusqu'à l'excès, alors que dix minutes suffisent
à nous faire savoir que le plus humain des protagonistes sera éructant et pourvu de quatre mains (ou quatre pieds, c'est selon). Ce pauvre Adrien Browdy serait presque trop bon acteur mais finalement pas de taille pour la confrontation qui l'attend. Contrairement à l'instinctif et testostéroné Jeff Bridges dans la version de Guillermin. Et son héroïsme volontaire, mais peu à propos, rajoute du dérisoire au ridicule de son rôle. Pas facile de rattraper un primate géant qui a décidé de faire sa tête de lard dans une jungle touffue et tortueuse, peuplée d'insectes géants et où l'hygromètrie ferait péter tout bon thermomètre. Surtout quand on est pourvu d'un physique de caneton et féru de littérature romantique.
Alors bon, on se démène parce-que malgré tout, c'est Naomi Watts qui vient de vous filez sous le nez. De quoi motiver le plus ascétique des anti-héros.
Elle, est déjà plus pertinente. Son visage hors d'age à la belle symétrie n'est pas sans rappeler les grandes heures du glamour hollywoodien. Ses grands yeux mouillés et sa bouche joliment dessinée sont malheureusement souvent abusivement sous-tendus par quelques fonds guimauves et rosés qui sont
à la limite de la pub pour Guerlain. Mais la présence de la belle est indéniable n'en déplaise aux critiques littéraires qui lui reprochent sont manque de dialogues. Depuis quand le nombre de lignes de texte est-il gage de l'ampleur d'un rôle? A-t-on jamais reproché à Schwarzy ses 28 mots prononcés dans Terminator. Bien au contraire.
- Naomi Watts... Schwarzy... tu sens pas comme une incompatibilité viscérale?
Si. 45 kilos de muscles d'un côté et le statut de bon comédien de l'autre.
Les autres caractères sont, à l'image du genre, assez caricaturaux pour ne pas nous faire oublier que ce King Kong reste de l'entertainment avant tout. Comme l'original.


Et c'est bien là le point négatif du King Kong de Jackson. Cet entre deux finalement pas très heureux, car pas réussi, entre émotion et action. L'un écrasant l'autre. Ou plus exactement, l'autre écrasant l'un. Et ce ne sont pas les trois heures que durent le film qui, comme son réalisateur semblait le croire, suffisent à faire le lien de l'ensemble. Trop de spectaculaire finira par tuer le spectaculaire.
La version de 1976 de John Guillermin fut en cela une vraie réussite. La poésie opérait car l'écriture y était taillée au cordeau (ha! les scénarii des années 70...) et la mise en scène d'une rigueur absolue. Mais surtout, le casting y était impeccable et la bande originale de John Barry d'une puissance évocatrice rare. On regrette d'autant le mélange mal dosé de réalisme de cette dernière version en date, Kong sur le modèle d'un vrai gorille, et de fantasy (au sens anglais du terme) purement débridée et cinématographique comme la charge des brontosaures, car certaines scènes atteignent terriblement efficacement leur objectif. En particulier le premier tête-à-tête entre la belle et la bête. Qui met en évidence la bestialité du "monstre" et sa capacité à mettre un terme définitif à cette idylle naissante à l'aide d'un seul doigt si l'envie l'en prenait. On apprivoise pas Le Roi des Kong comme un vulgaire caniche.
- "C'est qui l'patron !? Bordel !"
D'ailleurs, quasiment toutes les scènes de la grosse tête velue d'affiche sont des réussites, sauf celle dans Central Park, comment dire...
-" Ridicule ?"
Voilà.
Les humains quant à eux ne sont malheureusement pas souvent à la hauteur.


Cependant, Peter Jackson s'impose définitivement comme le roi de l'adaptation en widescreen. Et si le spectateur du 21e siècle ne connaîtra jamais l'hallucination qu'a du représenter la projection du King Kong du 20e, c'est bien le seul point de divergence majeur des dites versions.
Très fidèle au premier opus de Schoedsack et Cooper, le King Kong façon Jackson est démesuré à l'image de son sujet. Démesuré de par son aspect visuel, démesuré dans l'expression des sentiments et démesuré dans l'action et dans son ambition. Qui n'est rien de moins que d'avoir voulu réaliser le film le plus visuellement ébouriffant jamais réalisé et d'y être parvenu. Jusqu'à ce qu'un autre réalisateur complètement fondu prétende au trône.
En attendant, Lucas et les frères Wachowski font figures de pâles dauphins et le royaume de Nouvelle Zélande peu couler des jours paisibles.
Si ce n'est assurément pas un film parfait, Le King Kong de Peter Jackson restera longtemps, j'en prends le pari, le plus impressionnant.
Le Roi est vivant, barbu et joufflu. Vive le Roi.


Aswip'

Le pour : une histoire de blonde
Le contre :
la chute n'est pas très drôle

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24 décembre 2005 6 24 /12 /décembre /2005 17:32

USA - 1994 (Killing Zoe)


Genre : Gang Bang, he shout me down
Réalisateur : Roger Avary
Scénario : Roger Avary
Directeur de la photo : Tom Richmond
Casting : Eric Stolz, Jean-Hugues Anglade, Julie Delpy, Bruce Ramsay, Gary Kemp, Salvator Xuereb, Tai Thai…
Musique : Tomandandy

Scénario
*****
Mise en scène
*****
Photographie
*****
Acteurs
*****
Effets spéciaux
*****

En salle la scène d'ouverture fait vite douter le spectateur. Une caméra embarquée sur le capot d'une caisse déambule le long des rues parisiennes filmant à l'emporte pièces des passants qui traversent, des Renaults 5, 16, et des Citroën d'un autre âge le tout garé ou à la croisée d'un carrefour, ou encore des palissades de chantier (passionnant) sans oublier le camion poubelle dans son labeur du matin. Sur la pellicule maussade proche du téléfilm on s'attend à ce qu'un générique en Hélvética corps 12 nous annonce la présence de Véronique Genest dans une sous-production qui fleure bon le policier du jeudi soir. On cherche d'instinct la zapette sur le siège d'à coté et/ou on s'apprête à porter plainte contre X pour faute de goût. La suite heureusement n'a rien à voir avec les tribulations d'une Julie Lescaut et cette référence ne sert qu'à décrire un générique résolument vilain. Passons.

Zed (Eric Stolz) débarque à Paris pour affaires. Visiblement abruti par les heures de décalages du vol New-York / Paris il se laisse aller aux palabres d'un Moïse au volant de son taxi qui lui arrange en douce, pour sa première nuit, une rencontre avec "une française, très bien". Plus tard Zoé (Julie Delpy) débarque et déballe. Tout. Elle n'est pas pute mais paie ses études et n'a d'orgasme qu'avec les types qui lui plaisent ce qui n'est pas courant et plutôt un compliment pour l'américain. Puis c'est Eric (Jean-Hugues Anglade) qui débarque. Il fout Zoé à la porte parce que son pote d'enfance n'a pas de temps à perdre : demain c'est le 14 juillet, Eric organise un braquage historique à la Banque Internationale de Paris et ils n'ont plus que quelques heure pour fêter ça.

Killing Zoé est visiblement un film de gueules. D'entrée celle embourbé de Stolz force la sympathie tandis que celle de Delpy enchante. Leurs tendres échanges sur l'oreiller, le cul entre deux chaises, entre la réserve et la déclaration flattent les sens : la vue se délecte et l'ouïe n'en perd pas une miette. Le plus naturellement ces deux personnages s'apprécient et communiquent via de subtiles mimiques la douceur de l'instant. L'autre gueule, celle explosive d'Anglade, vient pimenter l'ensemble. Il aboit, jappe, claque, embrasse à tour de bras et joue de son allure mi-ange mi-démon, en épicurien déjanté, brûlant la vie par les tous ses bouts. Eric n'est qu'un bateau ivre de tempêtes, prêt à entraîner son équipage dans son sillage désespéré. L'excès à la française agacera peut-être d'éventuels lassés des enflammées à la Depardieu, mais il explique à lui seul la spontanéité dévastatrice d'un braquage censé être minutieusement préparé. Virant à l'extrême lors de dérangeantes scènes festives d'avant hold-up, Anglade distille son jeu de ponctuelles attitudes d'une lucidité à faire froid dans le dos. Lorsqu'il retrouve Zoé dans la banque en pleine action, il est impossible de lire sur son visage s'il la reconnaît ou non, et lorsqu'il braque un otage il est difficile d'évaluer s'il va presser la gâchette. On fait alors comme Zed : on tente de suivre et on ne se pose pas trop de questions, ou alors trop tard. Et dire qu'au début on voulait juste tâter du danger, nous voici embarqué dans une sordide histoire, du sang plein les mains, avec un acharné sous héroïne en chef de file.

Killing Zoé est bien plus qu'un long métrage estampillé "film de potes de Tarantino". Bien sûr on reconnaît en cours de route les rouages qui plaisent et qu'entretient Quentin telle que des scènes de dialogues typiques, décalées et passives, dans les moments les plus inopportuns, ou encore ce goût presque adolescent pour l'action, son lot d'hémoglobine et de sur-consommation de stupéfiants en tous genres. Néanmoins le point fort de ce premier long d'Avary concerne sa relative sobriété. D'un angle de vue scénaristique il s'articule autour de 3 scènes principales Rencontre / Fête / Braquage, et ne comptabilise au maximum qu'une petite dizaine de "chapitres". Le fond de l'histoire n'a rien en soi de particulièrement original et ne repose sur aucune pirouette attendue. Le rythme de ce film tant suggéré qu'utilisé dans sa forme, ne privilégie que l'instant présent et nous ramène indirectement à ce que vit précisément Zed dépassé par les événements. Impossible de se poser pour mieux se projeter, inutile d'avoir toutes les cartes en mains pour essayer de mieux comprendre. Tout n'est que sous-entendu. Avary ne cherche jamais à expliquer la raison et la force de l'amitié qui lie Zed à Eric, pas plus qu'il n'essaye de mettre de longues tirades pour exprimer l'attraction fusionnelle entre Zoé et Zed. Il n'a pas besoin non plus de justifier les deux "Non, c'est hors de question" prononcés respectivement par le banquier et le vigile du coffre-fort, qui cassent l'entrain global mais sonnent comme de vains obstacles face à l'acte de folie. En fait ce qui s'apparenterait à des scènes de description rendrait caduque l'effet de surprise, désincarnerait le spectateur alors au coeur de la tourmente et rendrait anodine cette histoire de hold-up. C'est tant l'axe fort du film qu'en bout de course la présence policière n'est que suggérée, ou presque, avec en guise de bouquet final une fusillade en huit clos où pas un seul fusil d'assaut du GIGN ne pointe le bout de son canon. Balèze.

Et encore je vous passe les détails sur les autres petites perles disséminées de ci et là, qui vaudraient presqu'à elles seules le détour : le groom français qui parle anglais, le client américain qui se vante de la libération, la junkie qui drague Zed, la soirée de défonce extrème, Eric et Oliver qui "font les morts", Claude qui raconte une blague à ses potes de gang, Oliver qui a une absence face au coffre fort, Anglade qui chante Yves Montand... Que du bon.

Sorti en pleine période de films jugés particulièrement violents après le Léon de Besson, et le Tueurs nés d'Oliver Stone, Killing Zoé fût l'affiche qui fit déborder la critique, prit à part entre la volonté d'énoncer les qualités de ces oeuvres cinématographiques et ce besoin tout naturel d'enrayer l'engouement pour ce cinéma plus brutal qu'à l'accoutumée. Avec le temps on se dit que finalement tout se digère et que depuis d'autres violences plus fortes ont eu leur support cinématographiques, que cela soit celles mises en scène par un Spielberg lorsqu'il raconte la guerre ou bien celles de Gaspard Noé lorsqu'il décrit un viol. Avec le temps donc Killing Zoé bonifie sa cuvée, mettant en exergue sa belle mise en forme et son impeccable sens du rythme. Avec le temps enfin, on apprend à faire la différence entre des films gratuitement violents pour le spectacle et les autres. A ce titre il serait peut-être temps de diminuer le nombre de copies des blockbusters de Mickael Bay. Non ?


Enzo

Le pour :  Rythme, jeu, insoutenable légèreté d'actes condamnables.
Le contre :
Scènes de rue d'ouverture et de fermeture, très vilaines.

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