Johnny Blaze l'a mauvaise. Histoire de sauver son paternel, dont le corps fourbu s'avère rongé par un
cancer à cigarettes, il troque avec l'infréquentable Méphisto son âme contre une guérison miraculeuse. Tope là. Du jour au lendemain Blaze senior récupère une santé de fer et en profite
pour se manger tête baissée le premier cercle de feu qui traîne lors d'une cascade mal engagée. Le père meurt donc mais pas d'un cancer, nuance, et ça fait marrer le facétieux dieu du mal
désormais propriétaire pour presque rien d'une âme de tête brûlée. Johnny à défaut d'une hotline pour se plaindre, traîne ses guêtres en tant que casse-cou de spectacle dans une Amérique
avide de sensations fortes, à cheval sur sa bécane et prêt à sauter tout ce qui bouge : semi-remorques par douzaines, hélicoptères en marche, journaliste à gros calibre moulée dans des
robes trop étroites... Mais Méphisto refait surface et sollicite les services de son âme damnée. Bien décidé à donner la fessée à Blackheart sa progéniture rebelle, il dévoile à Blaze les
termes du sinistre contrat : chaque nuit il deviendra l'ange vengeur de la mort sous les traits peu avenants mais fort en braise de Ghost rider...
De quoi doit-on s'indigner le plus ? Qu'on puisse encore trouver des investisseurs de peu d'orgueil pour subventionner des daubes pareils ? Qu'il subsiste à Hollywood des esprits
décérébrés convaincus par la noblesse de leurs chef-d'oeuvres de nullité ? Que Mark Steven Johnson existe ? Que
Nicolas Cage ai accepté de se ridiculiser de la sorte ? Avec une moumoute pareille ? Que ce navet de Ghost
Rider accumule sont lot d'entrées outre-atlantique jusqu'ici ? Qu'internet pullule de nostalgiques de Buffy pour vanter, je cite, la "qualité du
scénar", "l'interprétation d'acteurs géniaux", et "la beauté somptueuse des effets spéciaux" ? Ou bien qu'il existe encore une poignée de naïfs prêts à croire que
l'on peut toujours réussir une adaptation de comic au cinéma, et qui prennent cette initiative, celle là précisément , au sérieux ? Parce que malgré, envers et contre tout, ce
Ghost Rider est tant une caricature de film qu'il convient de le prendre à un degré moindre et de le resituer, non pas dans un contexte particulier, mais selon un
objectif bien précis... la vente de pop-corn par exemple, ou la nécessité d'utiliser quelques restes de bobine. Pas mieux.
Il n'y a rien à sauver, nada, que nib, des tribulations de Johnny Blaze et de son avatar maléfique, du moins sur ce film. Scénario zéro, acteurs à la peine par l'absence d'écriture,
super-vilains amputés de tout caractère, pas même foutu de susciter le moindre effroi à un spectateur en bas-âge, allons donc, combats à la con, morale à deux balles, musique de merde,
humour de geek fatigué, décors en option et même effets spéciaux bradés sur pas mal de plans. A croire que c'est les soldes, que tout doit disparaître, à commencer par les spectateurs en
salle. C'est d'ailleurs sûrement la meilleure option à envisager puisque passé la transformation infernale et les balades motorisées à fleur de building il vaut mieux s'en contenter et se
dire qu'on en verra pas plus.
Un tel désastre aurait pu être motivé par des intentions farouches de se livrer dans du grand n'importe quoi, juste pour le fun, mais il aurait fallu pour le cas faire preuve de beaucoup
plus de créativité. Or cette nouvelle perle signée Mark Steven Johnson manque cruellement d'autodérision et d'autant plus
d'imagination, pour que l'on puisse l'aligner aux cotés d'un Darkman ou d'un Evil Dead 3 d'un seul et unique Sam Raimi. Dans la même veine, avec des moyens moindres et une ambition à la baisse je lui préfère ouvertement le Faust de Brian Yuzna, nanar jubilatoire aussi généreux que maladroitement mis en oeuvre. Johnson lui, s'avère à
court d'idées du début à la fin, passant à coté de tout ce qui aurait pu donner du mordant à l'univers glauque du texan maudit, allant même jusqu'à aseptiser le mythe en évitant
soigneusement tout ce qui saigne. Inutile donc d'espérer voir illustrer toute l'ambiguïté d'un représentant de l'enfer semant la rédemption parmi les âmes égarées, avec tout ce que ça
sous-entend comme moyen à sa disposition. Par cette preuve irréfutable d'absence d'inspiration Mark Steven Johnson
persiste sur sa lancée autodestructrice en alimentant sa propre légende de productions insipides, Daredevil à la réalisation et Elektra en tant que
co-auteur, c'était lui... Que faire d'autres alors que de ranger Ghost Rider avec ses potes de misères que sont Catwoman, Spawn, et Punisher ?
Enzo
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