Je
dirais suspect pour rester courtois et vais essayé de m'en tenir
au film, à la forme, mais je sens déjà que ça
va pas être évident. J'ai le mauvais génie qui pointe
et crains de déjà déborder sur le fond, pas plus
tard que maintenant... et merde...
tans pis.
Scorcese nous avait gratifié d'une
certaine vision de la vie du Christ il y a quelques années, qui
avait, en son temps, créée son lot de débats et de
débordements (2 cinés parisiens plastiqués). On ne
peut cependant pas nier les talents du réalisateur italo-américain.
Et même si rien ne m'avait
particulièrement choqué dans sa Dernière
Tentation, je peux concevoir que certains l'ai été.
Pensez donc, Jésus chez les putes! Shocking!
De là à plastiquer des salles de cinés... ce fameux
poids des images...
Le film de
Mel Gibson ne mérite juste pas l'attention
qu'on lui prête et par voie de conséquence la pub qui lui
est faite. Parce-que ce n'est en définitive rien de plus qu'un
bien mauvais et vilain film.
Si son intention était de montrer le martyr du Rédempteur
comme je l'ai entendu le dire, alors il est salement passé à
côté. Il aura tout au plus réussi dans son entreprise
de réalisation d'un film gore bien bourrin. Dans le genre, j'ai
préféré Brain Dead. Vachement plus
drôle.
Car les innombrables ralentis qui truffent les scènes violentes
de cette Passion m'ont semblées bien plus insupportables
que les scènes elles même. Je trouve le procédé
obscène. Quand Gaspar Noé filme
une scène de viol dans Irréversible, il
le fait sans far, caméra statique, sans de violons à la
con. Juste avec l'atrocité de l'acte pour décor. Pas d'esthétisation
de merde. Et cela fonctionne horriblement. Alors quand la Bellucci,
sur divers plateaux télé, sort que c'était Bamby
à côté du film de Gibson,
je trouve la force de vente malhonnête.
L'emballage ne rattrape pas tout.
Certes, il ne faut pas trop en demander à un réalisateur
américanostralien limité. Mais il devrait être interdit
par décret aux mauvais réals d'utiliser le ralenti comme
unique recours dramaturgique. C'est bon pour les films d'actions. Pas
quand on prétend véhiculer un message christique tel que
"je prends sur moi le poids des pêchés du monde".
Et pour le coup, c'est son film qui devient pesant et lourd.
-Et le
fond alors?
Hé bien, génie malin, il n'y a pas de discussion possible.
On pourra toujours opposer qu'il y a les bons et les méchants de
tous les points de vues. Effectivement, il y a les vilains pharisiens
qui pour des raisons politiques feront tout pour se débarrasser
du gêneur et les femmes juives qui pleurent sur le chemin du calvaire.
Il y a ces gros bœufs de soldats romains en charge de la flagellation
et la femme du consul pleine d'une compassion dégoulinante. Tout
cela est bien dans la tradition judéo-chrétienne : manichéen
au possible. On est en gros dans le cahier des charges.
Là où ce film est dangereux, c'est dans son montage. Tout
truffé de flash-backs prosélytes qu'il soit, la parole du
Christ y est réduite à du message positiviste digne des
pires pub Nike, dans un format tout aussi court. Cela est complètement
annihilé par une complaisance à faire de l'image esthétichoc.
Bref, à traiter la mort de Jésus dans la même veine
que celle de William Wallace, on prend rapidement parti dans l'identification
des méchants de service, dans leurs stygmatisation. Ils sont pourvu
de nez crochus et sont avides de pouvoir. Et même si cela s'avère
physiologiquement exact et historiquement probable, et pour peut qu'on
y croit, il sera difficile à certains esprit balourds de faire
la part des choses. Surtout compte tenu de la situation internationale
actuelle. Le raccourci vers des sentiments anti-sémite est pentu.
D'autant que ce film crasseux bénéficie d'une caution de
poids, puisqu'il s'appuie sur une certaine Bible, un ouvrage très
en vogue outre-Atlantique,
et qu'il s'offre un certaine caution "historique" du fait de
l'emploi de l'araméen et du latin.
A savoir,
donc, que Mel Gibson est le digne rejeton
d'un catholique intégriste avant la vision de cette merde. Qu'il
s'est entouré de conseillés tout aussi fachos pour la préparation
au tournage. De ceux-là même qui lynchaient du nègre
et autres métèques il y a quelques décennies. Assez
ignorant et con donc pour s'attaquer au Livre, et d'autant plus dangereux
qu'il n'est pas impossible qu'il le fasse en toute bonne foi. Gerbant.
je ne m'étendrais
même pas sur tous les passages qui m'ont parut grotesques à
pleurer et ne parlerais pas ici de la performance de Jim
Caviezel.
-Mais
pourquoi est-il aussi méchant?
Parce-qu'il
est énervé.
Aswip'
|