France
- 2003 (L'esquive) |
|||||||||||
Genre
: Marivaudages
|
|||||||||||
Abdel. |
|||||||||||
Le
pour : Prolonger
l'euphorie des césars |
France
- 2003 (L'esquive) |
|||||||||||
Genre
: Marivaudages
|
|||||||||||
Abdel. |
|||||||||||
Le
pour : Prolonger
l'euphorie des césars |
Japon - 2004 (Casshern) |
|||||||||||
Genre : Techno space opéra ébouriffant, touffu, intriguant, déroutant, étrange, hallucinant, soporifique, sublime, intelligent, guimauve, surprenant, fascinant, chiant, difficile, unique, impressionnant, bizarroïde, ovniesque, mou, couillu, décousu, planant, baroque, d'une beauté graphique rare.
|
|||||||||||
Casshern nous met en présence d'un monde post-apocalyptique totalitaire et totalement pollué où de savants manipulateurs du génome semblent détenir le destin de l'humanité en leurs éprouvettes. Mais la frontière de l'humanité à une tendance au flou quand le père généticien de notre héros en devenir joue l'apprenti Frankenstein et s'octroie de graves entorses au serment d'Hippocrate afin de sauver son épouse mourante. Il est souvent problématique de jeter la pierre quand la dérive est générée par de louables intentions de base. Et quand en sus le fils du savant fou se fait tuer au front, au front de la guerre, pas au front de la tête évidemment, là, la coupe ne roule pas mousse et qu'à la fin elle explose. Vous l'aurez comprit, les champignons hallucinogènes sont beaucoup plus puissants sur l'île d'Okinawa que dans le Cheshire natal de Lewis Carroll. Cependant, Casshern pourrait s'avérer une oeuvre tout aussi majeure qu'Alice Au Pays Des Merveilles dans la tradition surréaliste. la colonne vertébrale de ce film est donc une fédération de peuples asiatiques victorieuse d'une fédération européenne et régit par la loi martiale. L'ensemble est unifié sous une architecture néo-stalinienne ou post hitlérienne et régie par un Big Brother is watching you prêt à mâter toute rébellion. Outre l'exercice visuel d'une grande maîtrise, l'emploi de la bande originale reste l'élément le plus troublant et finalement le plus intéressant de cette entreprise. sur certaines séquences, elle sert ainsi de liant. Le même thème musical s'étirant de l'une à l'autre jusqu'à devenir antimonique avec l'action de la scène qu'il illustre alors, laissant le spectateur aux prises avec des impressions assez inédites. Casshern, c'est la rencontre improbable de X-Or et Blade Runner. L'ensemble enrobé par une photo à la Ridley Scott des années 80 s'il avait usé du Flame et de la surexposition à l'excès. Et malgré des scènes d'actions tonitruantes montées au scalpel, le rythme d'ensemble est pour le moins contemplatif. |
|||||||||||
Le pour : des partis pris très affirmés |
USA - 1999 (Mission to Mars) |
|||||||||||
Genre
: S.O.S terriens en détresse
|
|||||||||||
Dans un futur pas si lointain quatre astronautes triés sur le volet sont envoyés sur Mars. Une fois sur place, alors que tout semble se dérouler pour le mieux, un événement aussi soudain qu'étrange, décime l'équipage. Sur terre le contact est rompu. La NASA décide d'envoyer la deuxième équipe, dont le départ était initialement prévu deux ans après l'amarsissage de la première navette, afin d'essayer de sauver ce qui peut l'être et de comprendre la raison de l'incident. Devant l'urgence il va néanmoins falloir s'armer de patience puisque le trajet dure six mois. Haaa ça commence plutôt mal. Pas à cause de l'accident, non, mais bel et bien à cause de la scène d'introduction réalisée en un épuisant plan séquence, afin de nous présenter les principaux protagonistes des deux équipes Mars one et Mars two. La galipette technique n'éblouit même pas, bien au contraire, du fait de l'insipidité du contenu qu'elle est censée filmer. La caméra flottante nous traîne d'un couple à l'autre pour une présentation de portraits digne d'un soap-télé, façon Amour, gloire, et feux de l'amour. La maladresse scénaristique est tellement flagrante qu'en salle les fans de l'Impasse ou du mythique Scarface, s'agitent, persuadés de s'être trompé de séance. On opte alors pour un petit coup de mou du talentueux réalisateur, qu'on imagine, on ne sait pourquoi, à l'étroit lors de cette première scène. Or celles suivantes ne seront pas vraiment meilleures, ou si peu. Certes les premières images de Mars sont belles, paraissent crédibles, et bien installé dans notre fauteuil, on suit avec un certain plaisir les premiers pas de l'équipage de Mars one. Certes l'incident suscite la curiosité, installe le suspens nécessaire, on a hâte que Mars two débarque à son tour pour connaître le fin mot de l'histoire, mais le stress demeure absent, et ce malgré les avaries et conflits censés rappeler qu'on est pas là pour rigoler. Pourtant, une scène épouvantable de queue-leu-leu spatiale est à la limite de rompre le peu d'intérêt qu'il nous reste, à coup de fous rires nerveux... Dans un style tout autre, et malgré un laps de temps plus court, je me remémore que dans un certain Aliens à ce niveau de l'histoire, je n'en menais pas large à bord du vaisseau de marines à la rescousse de la colonie... Passons. Une fois sur Mars, à aucun moment l'intrigue mystèrieuse ne prend de l'ampleur et la trame reste à ras des cratères. Brian de Palma semble bel et bien désintéressé, décidé à laisser ses héros tâtonner et se diriger tranquillement vers la fin de l'histoire. Et puis vient le dénouement qui s'avère bien pauvre, peu original et même mal rendu d'une certaine manière, nous proposant une explication iconographique proche de certaines émissions scientifiques, avec schémas infographiques à l'appui. On se croirait à la télé sur la cinquième chaine. The end, générique, n'oubliez pas de jeter votre boite vide de popcorn à la sortie. Mouais. Bon qu'est ce qui n'a pas fonctionné ? Les acteurs ne sont pas mauvais, les paysages ne sont pas laids, l'histoire ne remue rien mais n'est pas catastrophique... En fait j'ai l'impression d'avoir vu un film avec le régulateur narratif enclenché sur automatique, avec même des passages pour le moins déplacés mais expédiés, d'alternances de joies et de peines, sans états d'âme. L'équipe de Mars two éprouve une joie sans retenue d'aller sur la planète rouge, sans avoir une pensée inquiète pour la première équipe, peut-être anéantie. Ces astronautes ont-ils du coeur ? Même pas à l'ouvrage. Et d'ouvrage, celui ci laissera peu de traces dans les chroniques cinématographiques martiennes, et même au sein de la filmographie d'un de Palma qu'on a connu plus en forme. |
|||||||||||
Le
pour : Connie
Nielsen très jolie, Gary Sinise plutôt rare à l'écran |
USA - 2003 (Master and commander : The Far Side of the World) |
|||||||||||
Genre
: Touché coulé
|
|||||||||||
On disait de Napoléon qu'il était "trop César pour être marin" ce qui n'empêcha pas sa marine impériale de mener la vie dure à ces diables d'anglais, redoutables bouffeurs de haubans. Les vaisseaux français, en ce début de 19ème siècle, jugés dans l'ensemble plus modernes, mieux armés et plus rapides que ceux de sa royal majesty, donnèrent bien du fil à retorde aux canonniers britanniques, et ce n'est pas Jack "la chance" Aubrey qui vous dira le contraire. A flots à bord du Surprise le long des côtes brésiliennes, le voici pris au dépourvu par l'Acheron fleuron de la flotte de Bonarparte, qui d'une salve ambitieuse balaye coque, pont et tout ce qui dépasse de la poupe à la proue ! Qu'à cela ne tienne, Jack le têtu n'a pas l'intention d'en rester là et est bien déterminé à lui rendre la monnaie de ses boulets Branle-bas de combat ! Hissez pavillon et calez les hamacs à fleur de bastingage ! A la barre : sud-ouest plein vent, parez pour un tir en plein bois ! Officier, préparez l'artillerie, arrimez solidement les bragues : on va débroussailler à hauteur de batterie ! Hardi les gars ! Vous voulez le portrait de Napoléon sur nos schillings ? Non ? Alors sortez moi la mousqueterie, affûtez la ferraille et préparez vous au combat ! Bande de moules ! Peter Weir est à la barre de ce film pour les braves, avec pour capitaine de vaisseau un Russel Crowe à la hauteur de la tâche. Autant vous prévenir, ça mouille de la cale (contrepetrie ?) du début jusqu'à la fin de l'aventure, dans l'inconfort, l'exiguïté, et la promiscuité de marins endurcis à court de déo. Il va falloir aussi s'habituer aux murs rudes, aux tâches ingrates, et à l'odeur de la chair mise à nue par les tirs ennemis, car Weir, en méticuleux réalisateur ne vous épargnera rien du difficile quotidien des marins de la grande époque. Cadrant au plus près la moindre manuvre, rien ne lui échappe : des murmures des matelots superstitieux aux grincements de dents d'un élève officier que l'on ampute. Véritable huit-clos avec effets de roulis, Master and commander pousse la reconstitution jusqu'à se contenter du point de vue unique de l'équipage du Surprise. Vous n'aurez donc pas l'occasion d'assister aux manuvres françaises ponctuées de "sapristi" et de "sacrebleu" prononcés avec un paquet d'hollywood dans la bouche. Peter Weir profite de la contrainte pseudo-documentaire pour s'adonner à l'exercice du portait, nous dressant toute une galerie de joyeux bougres toujours vaillants, avec la mise en exergue des traditionnels, médecin, second officier, charpentier, cuistot, matelot à la barre (ho ? un hobbit !), mais aussi moins attendu, le profil de 5 élèves officiers d'un âge variant de 14 à 28 ans. Cette petite originalité permet à la fois de renforcer l'aspect proche de la réalité d'autrefois, mais aussi d'aborder le thème cher à Weir de la transmission de savoir. Les attentions du capitaine vis à vis de ses élèves, ainsi que ses leçons improvisées sur le pont, parfois conclues par un étrange rituel de 3 p'tits tours sur soi même ( ?!?), ont un je-ne-sais-quoi de familier qui nous rappelle les précédentes réalisations du chef d'orchestre : le cercle des poètes disparus et Mosquito Coast en tête de liste. Russel Crowe en chef d'équipage à la fois juste et impartial, craint et respecté comme il se doit, endosse le rôle du père à merveille, fuyant à peine, d'un il humide, les blessures de son équipage sous sa responsabilité, et jouant du verbe avec la répartie d'un coach sportif lors des explications stratégiques. Jack Aubrey a tant d'envergure qu'il laisse peu de chances à son ami médecin d'être le deuxième paternel potentiel à bord, et la petite rivalité guerre marine contre sciences naturelles s'achève aussi vite qu'elle ne commence. Sur ce navire, tous se sentent animés du même objectif et suivent la même direction, celle du capitaine. Sir, yes sir. En fait
il est tant question de discipline et de respect qui en découle, qu'on
se rend compte au bout de l'heure trente de film, que l'on s'est laissé
porté au bout de l'aventure sans aucunes réticences et sans réel écueil.
Malgré une narration parfois répétitive conditionnée par la vie à bord,
on suit avec un plaisir non dissimulé les superbes scènes de combats,
dont certains plans larges évoquent aisément les toiles des musées de
la marine, et on se surprend à épauler ces anglais aux trousses des
français, en espérant qu'ils leurs fasse mordre le sable du fond des
océans. Un comble. Plus étonnant encore, on pardonne aisément le pourtant
outrageant effet de mode (hum, hum) qui fit changer la nationalité du
bateau ennemi : américain dans le livre dont le film est une adaptation,
et français sur grand écran, parce qu'en ce moment
enfin vous m'avez
compris. |
|||||||||||
Le
pour : croisière
historique, en route pour l'aventure |
Japon
- 1995 (Memories) |
|||||||||||
Genre
: Pot pourri d'anticipation
|
|||||||||||
Ecrit par Katsuhiro Ôtomo, auteur génial du manga Akira et chef d'orchestre de son adaptation au cinéma, Memories regroupe trois délicieux moyens-métrages réalisés par les grands noms actuels de la japanimation. A la différence des Rêves de Kurosawa, même si les deux titres sont assez proches de sens, Memories n'est pas un tryptique ou une uvre découpée en plusieurs tableaux sur un thème générique. Chaque films se distingue les uns des autres, sans aucun lien significatif autre que leur dimension fantastique, un peu à la manière des désormais mythiques épisodes de la quatrième dimension. On a longtemps cru d'ailleurs, que ce regroupement de petits films serait le premier d'une longue série à venir. Il n'en est rien. L'intitulé Memories signifie à plusieurs niveaux : des souvenirs d'anticipation puisque issus d'un contexte futur, la mémoire collective de l'humanité, et fait figure de pot pourri d'amorces de scénarii imaginés, au cours de ses débuts d'animateur, par maestro Ôtomo. Des trois films, La rose magnétique présente le plus beau compromis de fond et de forme, se parant d'une belle mise en scène au service d'une intrigue captivante. Scénarisé par Satoshi Kon (Perfect Blue, Tokyo Godfathers) et réalisé par Kôji Morimoto, La rose magnétique est le pendant animé de plusieurs références du cinéma de science fiction. La trame de fond évoque notamment l'intrigue de 2001 l'odysee de l'espace, ce sentiment de référence étant renforcé par l'environnement musical de Yôko Kanno dont la symphonie sidérale fait écho à la valse sous apesanteur de l'oeuvre de Kubrick. A d'autres niveaux, le profil dessiné et scénarisé du personnage de Heinz rappelle franchement Ed Harris dans L'étoffe des héros et/ou Abyss, tandis que l'atmosphère générale se compose d'un suspens Alien-esque mélé d'une sorte de poésie spatiale, aussi légère et perturbatrice que l'absence de gravité. La bombe puante, rompt complètement l'allégorie de La rose magnétique en illustrant avec un humour typiquement japonais, la transformation d'un employé de laboratoire en désastre scientifique. Ôttomo s'y parodie tout seul, se permettant d'évoquer Akira d'un point de vue potache : et si l'arme absolue de demain était un virus bactériologique qui transforme les effluves d'un homme en poison sur pattes ? Admirablement dessiné cet épisode est un véritable divertissement orchestré par un Tensai Okamura jovial et sans complexe, jouant à l'extrême du burlesque de la situation et du saugrenu de ses conséquences. Les scènes de catastrophe sont autant impressionnantes qu'idiotes et la conclusion de ce court métrage sonne comme une fin de fanfare à coup de trompette crevée. Chair à canon, dernier métrage de Memories, est réalisé par Ôtomo lui-même, et retrace le quotidien d'une vaste cité qui s'organise autour d'une activité unique : tirer à coup d'obus gigantesques sur l'ennemi, invisible, indéfinissable, oeuvrant certainement dans le même état d'esprit que son adversaire. Le maître réalisateur signe ici un petit chef d'uvre dans la pure tradition de l'animation, exploitant au maximum la caricature à tous les niveaux de conception (scénario, dessin, mise en scène) dans un exercice de style cher à Bill Plympton, figure emblématique de l'animation expressionniste américaine. Ôtomo s'y régale, joue du plan séquence à outrance, déforme son trait dans d'impossibles perspectives, souligne grossièrement les zones d'ombres, au sens propre comme au figuré. Chair à canon revient aux premières bases graphiques et sémantiques de l'animation, permettant à Ôtomo de s'offrir une parenthèse créative inédite, presque intime, tout en retenue par rapport à ses long métrages plus grandioses dans leur entreprise (Akira, Metropolis (scénario) et Steamboy) Ôtomo et son équipe nous offre donc 3 belles réalisations, jouant des possibilités que permettent l'animation, avec autant de plaisir que de talent. D'une sobriété toute relative, ces morceaux de films, véritables extraits de l'imagination d'Ôtomo et fragments de sa mémoire de maître-animateur nippon, sont d'authentiques ouvrages à l'état brut, issus d'un atelier expérimental que l'on imaginait à peine. Dans un japon parfois ancré dans ses certitudes marketing, et dans la production d'innombrables OAV (Original Animation Video), annexes en long-métrages de leurs séries les plus célèbres, ce recueil lors de sa sortie en salle, permit à ses auteurs de proposer d'autres voies de réalisation et d'explorer un peu plus le caractère purement cinématographique de l'animation. A ranger dans la même veine d'attention que Ghost in the shell, Akira et Nausicaa 10 années auparavant, Memories contribua à sortir la japanimation de son adolescence pour le faire entrer dans son âge adulte. Le succès en salle de ses films jusqu'en dehors du territoire natal, amorça la reconnaissance du métier des arts animés japonais, enfin valorisés pour leur qualité plutôt que pour la quantité de leur production télévisuelle. D'autant plus que Memories n'est que la partie immergée du travail de fond d'Ôtomo, qui fort de ses convictions, bouscula non sans peine producteurs et distributeurs, leur imposant une nouvelle gymnastique d'esprit qui permit plus tard l'émergence d'autres talents et la réalisation d'autres ouvrages de qualité. P.S
: Le concept même de Memories et à l'origine du Animatrix
des vaniteux frères Wachowski. |
|||||||||||
Le
pour : beau
panel de talents |
US - 2004 (The Life aquatic with Steve Zissou) | |||||||||||
Genre : Rêve de gosse
| |||||||||||
Non la vie aquatique n'est pas un prochain film documentaire en vogue
| |||||||||||
Le pour : Un univers décalé et riche |
France
- 2005 (Le couperet) |
|||||||||||
Genre
: Guide d'embauche
|
|||||||||||
Notre société est corrompue par son principe de rentabilité et notre aptitude à nous y battre est devenue un argument commercial. Cette introduction n'est pas qu'une formule alambiquée pleine de mots difficiles, elle sert aussi de fil conducteur au Couperet de Costa Gavras, adaptation efficace et inspirée du roman de Donald Westlake. Bruno Davert au bout d'un énième envoi de CV, cherche la raison de son impopularité auprès des sociétés de son secteur. Un rapide et pertinent examen lui donne une amorce de réflexion d'une logique implacable : inutile d'en vouloir aux dirigeants d'entreprises qui se contentent de suivre la règle du jeu, s'il n'a pas de travail c'est qu'un autre lui a piqué. Point. Si Bruno veut retrouver sa place, il faut qu'il élimine la concurrence. Tout va bien, je vais bien. Le couperet tombe dès l'amorce de la pensée d'un José Garcia en grande forme dans son interprétation d'un ingénieur surqualifié en mal d'emploi. Il est Bruno, méthodique chasseur de têtes (au sens cru du terme) réfléchi, censé, résolu à ne plus laisser son avenir lui filer entre les pattes. Il est le mâle, le chef de tribu, celui sur qui repose l'équilibre familial, le père de famille qui ne supporte plus les conseils sans convictions de sa femme et le désintérêt de ses enfants. Il est le dircom de sa petite entreprise qui connait la crise, et son business plan se dessine dans la fumée rance d'un vieux Luthger. D'une sobriété surprenante, Costa Gavras se contente de filmer sans artifices ni effets superflus l'épouvantable destin de son Bruno d'assassin. Il contribue ainsi à ancrer le spectateur dans le contexte de l'histoire assez proche de l'actualité, et de le persuader que tout ce qui n'arrive n'est qu'une conséquence logique d'une situation dans l'impasse. Tout se qui se voit à l'écran parait familier : d'un troquet qui sert de décor où Bruno s'essaye au plat du jour, à l'entretien d'embauche tant attendu et si prévisible avec ses : "et qu'est-ce que ces années de chômage vous ont apporté M. Davert ?". Cette famille pourrait être la notre, cette manière de dire "chercheur d'emploi" au lieu de "sans emploi" pourrait nous appartenir, et cette solution finale, toute ignoble soit-elle, pourrait être notre unique chance de remettre des épinards dans l'assiette, avant de songer au beurre qui irait si bien avec. Tout dans ce film contribue à compatir avec l'effort de guerre fourni par ce cadre vaillant, qui au bout du compte ne cherche QU'à obtenir l'emploi qui lui permettrait d'exister, lui est sa famille. Même l'impeccable Karine Viard en tant que madame Davert, par son aveuglement et sa naïveté, noit le spectateur dans une mer de compassion. Bien sûr on ne sait rien, ou presque, des victimes potentielles. On se contente comme Bruno de fermer les yeux et de ne croire qu'en une seule vérité : un de moins. C'est Dantesque ou Houellbecquien, mais c'est surtout très efficace. Les dialogues sont futés et affûtés servis sur le plateau d'argent d'un jeu d'acteur sans failles. Le travail d'écriture dans son ensemble est remarquable. Le petit plus de Costa Gavras de disséminer en arrière plan plusieurs messages publicitaires flattant les instincts primaires de l'homme (pouvoir, sexe, combat) rappelle le pouvoir persuasif et subliminaire de la publicité, véritable sens de suggestion de notre société de communication, et achève de convaincre le chaland que tout cela n'est peut-être pas qu'un film mais bel et bien une réflexion cynique de notre amère réalité. Amen. |
|||||||||||
Le
pour : José
Garcia, si, si |
Hong Kong - 1978 (Wu du) |
|||||||||||
Genre : Bible shaolin
|
|||||||||||
Chi...Huu... MFF...HA-Ha...HU...HA-OOO-Haaa Hu ! Inutile de chercher frénétiquement sur votre télécommande la touche "sous titres" puisque de toutes manières je ne vous parlerais pas de cinéma mais de religion. Mon évangile selon les Shaw Brothers se nomme 5 venins mortels et l'art pour qui je voue un culte en a inspiré plus d'un. C'est du chinois ? De Hong Kong plus précisément, mais un peu made in taiwan en ce qui concerne ce grand classique d'arts martiaux. Ceci dit, pour les novices, un bref historique est nécessaire avant d'entamer le vif du sujet. Si Hollywood s'était implanté sur une colline de Hong Kong, il y a fort à parier qu'il y aurait inscrit en monumentales capitales les lettres S-H-A-W B-R-O-T-H-E-R-S. Véritable industrie familiale du cinéma, cette compagnie domina le cinéma asiatique pendant les années 1970, s'offrant un règne qui perdure encore dans l'esprit des aficionados des films d'arts martiaux. A l'origine d'oeuvres de chevet du désormais célèbre Quentin Tarantino, la Shaw Brothers signa les perles du cinéma de Kung-Fu tels que Un seul bras les tua tous (One-armed Swordman), Les disciples de Shaolin, la 36ème chambre de Shaolin, L'hirondelle d'or, etc. La plupart des "acteurs" du succès de cette compagnie, qu'ils soient cascadeurs, chorégraphes, ou réalisateurs, sont considérés par les grands noms actuels du cinéma d'action d'asie (Jonh Woo, Chow Yun Fat, Jet Li...) comme des modèles, à l'origine de beaucoup de vocations cinématographiques. Hollywood (d'amérique cette fois) et Christopher Gans pour notre petit cinéma hexagonal, se permettent même régulièrement de solliciter les conseils avisés de certains ténors de la Shaw Brothers à différents niveaux : réalisation, mise en scène, cascade, et chorégraphie. Ainsi Kill Bill, Matrix, Le pacte des loups, Rush Hour, Charlie et ses drôles de dames, doivent tous un tribut à la compagnie de Hong-Kong, avec une mention spéciale pour le petit bijou en deux volumes de Quentin Tarantino qui en fait ouvertement l'hommage. A l'instar de la 36ème chambre, 5 venins mortels est le point de départ d'une longue série éponyme, dû notamment au concept relativement novateur et particulièrement abouti du principe de rebondissement narratif. La répartition des différents arts martiaux et la spécialisation des 5 personnages principaux du film (Scolopendre, Serpent, Scorpion, Lézard et Crapaud) étant les autres points forts du film (Tarantino s'est directement inspiré des Venins pour son Détachement International des Vipères Assassines, dont tous les membres portent le nom de serpents venimeux). 5 venins mortels ne se contente donc pas de n'être qu'un beau film de kung-fu avec toutes les recettes du genre (honneur, bravoure, perfidie, respect et cassage de côtes), il pousse aussi les limites scénaristiques (souvent peu chamboulées) en posant dès les premières minutes l'intrigue assez simple de l'histoire (effacer le déshonneur de l'école des 5 venins plus connues pour ses larcins que pour la beauté de son kung-fu, en éliminant ses 5 représentants) pour la gérer efficacement jusqu'au bout de son heure trente de film, jouant d'un léger suspens sur l'identité secrète des venins et de leurs motivations réelles, sans que l'on ressente la moindre ficelle narrative poussive et/ou attendue. Jamais à l'étroit dans son paysage uniquement composé de décors artificiels, le film se pare d'une réalisation avec des astuces de cadrage inspirées, jamais kitschs malgré la fin des années 70 propices aux effets psyché. Etonnant même, le genre assez prompt à nous pondre du surjeu lorsqu'un protagoniste ressent une émotion forte, s'en trouve enrichi par une prestation carrément honorable d'une jolie brochette d'acteurs taïwanais pourtant quasi-débutants, devenus pour le coup des références dans le métier. Et bien sûr les claques sont belles, les parades passent bien, les coups d'lattes fusent comme il faut, toujours ponctués du traditionnel bruit de tapette à mouche sur de la toile cirée. Le tableau ne serait pas complet sans l'hémoglobine magenta, voire fuchsia, qui s'éclate par petites poches habilement dissimulées derrière une molaire creuse. Bref que du bon. Bien sûr si au bout du compte vous ne ressentez que des soubresauts hilares devant les positions horizontales du Lézard et n'avez que de l'incompréhension devant l'apparente naïveté de ces 5 guerriers censés être des tueurs en puissance, c'est que tout cet ensemble assez folklorique ne vous sied point, tout simplement. Vous pouvez très bien avouer une passion toute exotique pour Tigre et dragon, où être un fan inconditionnel des brutales clés de bras de Steven Seagal, et passer à cotés de ce classique du genre. Méfiance tout de même : RZA du WuTang pourrait s'en trouver fâché et vous châtier pour un tel blasphème. Pour ma part je me contenterais d'une moue dubitative accompagné d'un amical coup de bambou sur le coin de votre nuque. |
|||||||||||
Le pour : On pousse des petits cris de hyènes pendant une semaine |
Japon
- 2003 (Tokyo Godfathers) |
|||||||||||
Genre
: Conte de Noël urbain
|
|||||||||||
Tokyo, le soir du réveillon. Trois SDF, Gin la cinquantaine bien tassée, Hana un travesti en mal d'affection et Miyuki une adolescente en fugue depuis 6 mois, s'affairent parmi 20 bons mètres carrés de détritus, à retrouver un cadeau de Noël à l'attention de Miyuki, mis de coté quelques heures auparavant par le délicat Hana. Hélas le présent recherché ne semble pas vouloir refaire surface et une dispute éclate vite. Lors du joyeux déballage de noms d'oiseaux et de bousculades qui semblent coutumières, les trois compères sont interrompus par les pleurs d'un bébé, abandonné et échoué entre deux sacs poubelles. Surpris, mais animés d'une indignation commune, les cloches se mettent en tête l'idée de retrouver les parents de l'infortuné bambin. S'il reste en France des esprits retords à l'animation japonaise, et ce malgré les différents long métrages de qualité sortis en salle ces 15 dernières années, Tokyo Godfathers a de quoi gommer une bonne fois pour toutes, leurs à-priori post-Dorothée. Bénéficiant entre autres d'une réalisation technique impeccable, d'une finesse esthétique certaine, et d'une mise en scène remarquable, ce troisième long métrage de Satoshi Kon auteur du remarqué Perfect Blue, retrace avec une intelligence rare, le quotidien des sans abris Tokyoïtes, confrontés à une sordide histoire d'abandon. Autour du nourrisson rebaptisé Kyoko, chacun des protagonistes se renvoient leurs propres angoisses de laissés pour compte, et tentent de remettre à plat leur passif d'errance urbaine. Touché par une succession d'événements fantasques, d'occasions loufoques et de rencontres inattendues, Hana voit même en l'enfant, un signe de providence divine. Il faut bien admettre que certaines coïncidences constatées lors de la fastidieuse recherche des parents de Kyoko sont plus que troublantes... L'air de rien, la plume légère, Satoshi Kon donne à son histoire plusieurs niveaux de lecture, propices à l'imagination du spectateur. Jonglant d'entrée avec l'évocation des rois mages, et de l'esprit de Noël, certains passages s'avèrent surréalistes malgré l'approche de départ terriblement collée à la réalité. D'autres moments secondaires se distinguent par une mise en forme soignée et/ou franchement expressionniste (scène du conte des deux diables, diverses scènes de disputes, scènes de pause dans un café, dans une épicerie...) où le trait graphique passe parfois d'un état résolument rigoureux à une forme plus "jetée" lors d'étapes d'animation, le tout toujours au service de la narration. L'auteur alterne aussi avec le panache nécessaire, les scènes graves et celles rocambolesques, voire franchement burlesques dans une intrigue où chaque angle de rue d'un Tokyo plus vrai que nature, semble dissimuler un rebondissement. Satoshi Kon se sert de la diversité des quartiers tokyoïtes pour y faire vivre de nouvelles scènes, sous de nouvelles teintes, sous différents angles, donnant à l'oeuvre cette impression de canevas urbain, tissés d'instants de vie typiquement japonais. Fort d'un humour subtil de situation et d'un jeu d'acteurs profondément et exagérément expressif, on oublie parfois la mise en forme animée de ce long métrage, pour se croire tout simplement devant un film. A ce titre, on peut aisément l'assimiler à d'autres réalisations d'un Kitano ou d'un Almodovar par exemple... De ce cocktail
délicieux de fond et de forme, il en résulte 1h30 de plaisir pur, riche
en émotions variées, un vrai petit bijou animée, dont j'ai du mal à
saisir l'absence sur grand écran. En effet Columbia Tristar propriétaire
des droits de distribution en France, afin d'éviter de sortir en salle
un film qui au même moment sortait sous support DVD au Bénélux (donc
aisément disponible par correspondance) a préféré miser sur Steamboy,
autre poids lourd de l'animation japonaise. Seuls les aficionados du
festival d'Annecy, du Forum des images à Paris, de l'Etrange festival
de Strasbourg et de la Fête d'animation à Lille, ont eu l'honneur de
voir ce petit chef d'oeuvre sur grand écran, et de le féliciter en fin
de projection, d'une salve d'applaudissements. Pour les autres, il faudra
se contenter d'une visualisation DVDesque et d'une standing ovation
plus intime, devant son écran télé. |
|||||||||||
Le
pour :
superbe. Allez y les yeux ouverts. |
USA - 2004 (Million dollar baby) |
|||||||||||
Genre
: Rare
|
|||||||||||
Et du sens,
il y en a à revendre dans Million Dollar Baby. De boxe il
est réellement question dans Million Dollar Baby.
Eastwood à choisi de prendre son sujet
à bras le corps avec générosité et abnégation.
La chose est somme toute assez rare avec les films évoluant dans
le milieu sportif. On se contente, en général, de sublimer
ou de survoler ce domaine éminemment esthétique et dynamique,
éminemment cinématographique. A part peut être dans
Le Vélo de Ghislain Lambert. Ils se comptent
sur peu de doigts les réalisateurs qui parviennent à créer
une réelle empathie pour des personnages de fiction de nos jours.
Souhaitons
qu'avec cette allégorie du combat il parvienne plus aisément
à monter ses projets à venir. Car dans son Million
Dollar Baby plane, plus que jamais, l'ombre pesante de Madame
Mort. Or il est Difficile de dissocier le personnage de Frankie, incarné
parfaitement
par Eastwood acteur, de l'idée que
l'on se fait de Clint, l'homme. |
|||||||||||
Le
pour :
et en plus, il compose la musique
lui même |